Responsabilité pénale du Chef de l’Etat

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Assemblée nationale


XIIIe législature


Session ordinaire de 2011-2012



Compte rendu
 intégral

Première séance du mardi 24 janvier 2012

Application de l’article 68 
de la Constitution

Vote solennel

M. le président. L’ordre du jour appelle les explications de vote et le vote, par scrutin public, sur l’ensemble du projet de loi organique portant application de l’article 68 de la Constitution (nos 3071, 3948).

Explications de vote

M. Michel Hunault. Monsieur le président, monsieur le garde des sceaux, mes chers collègues, cinq ans après l’adoption de la réforme constitutionnelle modifiant le titre IX de la Constitution, le projet de loi organique soumis à notre examen vient parachever l’ensemble des dispositions adoptées en février 2007.

Contrairement à ce qui est souvent dit, loin d’instaurer l’impunité du Président de la République, cette réforme aura permis de clarifier le statut pénal du chef de l’État. En effet, parce qu’il n’est pas et ne doit pas être un justiciable comme les autres, le chef de l’État doit bénéficier de cette double protection que prévoit la Constitution, assortie néanmoins d’un dispositif de sauvegarde permettant de mettre en cause sa responsabilité en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat.

Rappelons que, sans revenir sur le statut pénal du chef de l’État, le projet de loi organique vise à mettre en application la procédure de destitution prévue par l’article 68 de notre loi suprême.

En faisant dépendre la procédure de destitution d’une initiative parlementaire, le constituant a clairement fait le choix d’une procédure parlementaire dénuée de tout caractère juridictionnel. De ce fait, il nous appartient d’entourer cette procédure de garanties suffisantes, afin d’éviter qu’elle ne donne lieu à une motion de censure politique, susceptible de mettre à mal l’équilibre de nos institutions.

L’exposé des motifs du présent projet de loi rappelle à ce titre que cette procédure « n’a ni pour objet ni pour effet de conférer à une minorité de parlementaires le droit de contester en toute circonstance ou à des fins partisanes l’action du Président de la République ».

C’est donc dans la droite ligne de ces exigences que le présent projet de loi organique, inspiré du rapport de la commission Avril et enrichi par les travaux de notre commission des lois, a su, selon les députés du groupe Nouveau Centre, instaurer un texte équilibré, fidèle à la volonté des constituants et garant de l’équilibre de nos institutions.

D’abord, la proposition de résolution devra être signée par un dixième des membres de l’assemblée. Ensuite, au stade de l’examen de la proposition de résolution, le rôle de filtrage initialement confié à la commission des lois est remplacé par un contrôle de recevabilité par le Bureau de l’assemblée. Enfin, le projet de loi prévoit des délais de transmission et d’examen de la proposition de résolution.

C’est pourquoi, au nom de mes collègues du groupe Nouveau Centre, je considère que le projet de loi organique met en place un mécanisme équilibré, entouré des garanties nécessaires et fidèle à l’équilibre de nos institutions. Pour ces raisons, nous voterons ce texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe NC et sur plusieurs bancs du groupe UMP.)